Depuis juin 2023 je suis propriétaire de la moitié d’une BELLE maison. Légataire universelle de mon charmant époux trépassé, ce qui veut dire « passé out », « out of my mind », bel et bien MORT -perspective que l’on avait envisagée, étudiée, entrevue et même rêvée, longtemps à l’avance, oui, oui- tout ceci bien avant la déclaration officielle de la maladie qui devait emporter mon aimé- car je suis une rêveuse active depuis plus de 30 ans, en passe de devenir onironaute*, qui sait?
En attendant, dans l’immédiat, il a fallu accompagner cette mort, ICI, sur le plan terrestre de notre existence à tous, mais pas que, heureusement. Il a fallu faire face à l’absence, aux incontournables démarches administratives et, parmi elles, décider du sort de la maison, cette maison attachante qui tout à coup me revenait pour moitié car patrimoine familial partagé par mon mari avec son frère détaché de la question. Le problème s’était posé déjà quelques années auparavant, à la mort de la mère de deux héritiers. L’un des frères voulait vendre. L’autre pas. Je suis devenue peu après la femme de celui qui voulait sauvegarder la maison à tout prix, en hommage aux ancêtres mais, surtout, aux grands-mères propriétaires qui s’étaient tendrement occupées de lui étant petit. C’est ainsi que, tout à coup, cette maison qui avait abrité notre amour pendant dix ans, devenait « lourde » à porter et a donc été proposée à la vente…
*Individu capable de vivre des rêves lucides, d’orienter le rêve selon sa volonté.
